Nous ne pouvions terminer cette série sur le Douala Grand Mall sans mentionner tous les acteurs qui ont pris part au projet.
Vous faites sûrement partis de ceux qui se demandent comment un tel projet a pu voir le jour dans la capitale économique du Cameroun. Combien a-t-il coûté ? Quels sont les protagonistes impliqués dans l’affaire ? et la grande question, d’où vient le financement… ?
Le coût total du projet est estimé à +80 millions d’euros (soit +52.4 milliards de FCFA). Il s’agit là d’une bien grosse somme et s’interroger sur la provenance des fonds n’est que bien naturel.
Le DGM est présenté comme un projet du groupe Actis. Il s’agit d’un fond d’investissement britannique très engagé dans le secteur de la construction verte. Le DGM est la 4ème réalisation qui vient s’ajouter à leur palmarès de projets à succès dans la donne du développement durable. En effet, on peut citer le projet du Garden City à Nairobi qui a remporté le prix du meilleur green building de l’Africa Property Investment en Afrique subsaharienne en 2017.

Le projet est développé par Actis, avec sa filiale locale Douala Retail and Convention Centre (DRCC). Mais, il ne faut pas croire qu’ils étaient seuls dans la partie. La Société Générale et Proparco, filiale de AFD (Agence Française de Développement) ont investi dans le projet à hauteur de 30 millions d’euros. Les autres acteurs impliqués dans le projet sont :
- La maîtrise d’ouvrage (client) : DRCC,
- Investisseurs : Le groupe ACTIS, Proparco, La Société Générale
- La maîtrise d’œuvre : Benoy (cabinet d’architecture anglais), CIA International (Lyon, France), Profica (Afrique du Sud), Craft Development (Cameroun)
- Bureau de contrôle : Bureau Veritas Cameroun,
- Mise en œuvre + entreprises : Raubex Renovo (Afrique du Sud), WSP Group Africa (Pty) Ltd, SHC Consulting Engineers, Ballenden & Robb (Afrique du Sud)
Petite réflexion sur le projet du Douala Grand Mall
Beaucoup de débats ont été menés après l’ouverture du DGM. Les Camerounais qui osaient s’exprimer ne s’accordaient pas sur les réels enjeux d’une telle infrastructure dans l’environnement urbain de la capitale économique. Nous n’allons pas nous livrer au même jeu, et, sans vouloir faire une analyse populiste, nous allons conclure cette série portant sur le DGM en présentant les plus et les moins de ce projet au travers d’une analyse FFOM (Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces). Les populations camerounaises seront alors considérées comme les sujets de notre réflexion.
Forces
Faiblesses
- +165 boutiques disponibles sur le site, ce qui permet aux locaux d’obtenir une vitrine pour la commercialisation de leurs produits. Ceci permet à la fois de faire connaître la culture aux visiteurs et de créer de la valeur ;
- Espace multifonctionnel avec des lieux de divertissement, de commerce et de restauration qui répond au besoin de la classe moyenne,
- Label EDGE qui donne de la notoriété à l’infrastructure et un rayonnement à l’échelle sous régionale ;
- +3500 emplois seront créés de manière directe et indirecte ;
- Mise en avant de la culture locale (vente de mets traditionnels, + boutiques culturelles)
- Les expertises qui interviennent sur le projet sont pour la plupart étrangères.
- Seulement 25% de matériaux locaux (ce qui démontrent les déficits de l’industrie de la construction au Cameroun) ;
- La place de choix (supermarché) a été gagnée par une enseigne étrangère à savoir Carrefour Market qui aura la plus grande place sur le marché dans le centre commercial ;
Opportunités
Menaces
- Les acteurs de la construction peuvent s’inspirer de cette construction pour améliorer les processus constructifs et innover dans le secteur de la construction,
- Agriculture locale : les producteurs locaux peuvent se positionner pour écouler leurs produits dans cet espace qui offre un nombre de visiteurs assez importants…
- Faire valoir la culture aux nombreux visiteurs étrangers (relativement à la proximité de DGM avec l’aéroport international de Douala qui deviendra donc un espace fréquenté par les étrangers),
- Accommodation progressive des locaux aux standards de l’urbanisation (escalators, centre commercial, etc.)
- Augmentation des importations et corruption des habitudes alimentaires ;
- Concurrence pour les producteurs et les vendeurs locaux (santa lucia, sawa food Market, Dovv, et tous les restaurants de la zone)
Nous n’avons sûrement pas pensé à tout et omis de dire certaines choses. Vous avez la possibilité de compléter ou de partager votre analyse en commentant cet article ou alors en nous envoyant des messages sur nos différentes plateformes.
Pour finir la clôture (rires), nous disons que le DGM est un projet d’envergure qui en plus d’ouvrir la voie aux constructions durables au Cameroun permet le rayonnement du Cameroun dans la sous-région.